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Deux jeunes communistes, figures du mouvement étudiant de 2011, élues députées au Chili !

18 Novembre 2013 , Rédigé par JC Paris XV Publié dans #Solidarité internationale

Vallejo_Cariola_Frankfurt_2012_01.jpgDeux jeunes communistes élues députées au Chili !

 

Article pour http://jeunescommunistes-paris15.over-blog.com/

 

 

Ce week-end avaient lieu les élections législatives et présidentielles au Chili. Elles devaient voir l'élection sans surprise de la socialiste Michelle Bachelet, entre espoirs et doutes. Elles ont aussi permis l'élection de huit députés communistes, une première depuis 1973.

 

Après trois ans de la domination de la droite ultra-libérale et pro-américaine, trois ans de manifestations massives pour le droit à l'éducation et la nationalisation des ressources naturelles, la défaite de cette réaction nostalgique du « pinochisme » est un soulagement.

 

La victoire de la coalition « Nouvelle majorité » (Nueva mayoria) suscite un espoir d'une vraie rupture avec l'héritage de la dictature, mais incite à la prudence face à une coalition où les démocrates-chrétiens occupent une place importante, et les sociaux-démocrates restent la force dirigeante.

 

Pour les communistes, le soutien à la candidature de Bachelet est un pari de la transformation sociale un pied dans les institutions, un pied dans les luttes. Toujours avec comme référence l' « Unité populaire » de Salvador Allende, espoir assassiné en 1973.

 

Concrètement, le Parti communiste chilien (PCCh) peut compter sur son travail dans la rue depuis trois ans, à l'avant-garde du mouvement étudiant, au cœur du mouvement ouvrier – notamment des mineurs – avec la reprise de la tête de la Centrale unitaire des travailleurs (CUT).

 

Il pourra aussi compter sur une représentation élargie au Parlement, avec huit députés communistes, cinq de plus qu'en 2009. Parmi ces députés, deux militantes de la Jeunesse communiste, deux figures du mouvement étudiant de 2011.

 

ol-cariola.jpgKarol Cariola, secrétaire de la JC chilienne, étudiante en médecine, 26 ans. Et Camilla Vallejo, 25 ans, étudiante en géographie, ancienne vice-présidente de la Fédération des étudiants de l'Université du Chili (FECh).

 

Les deux jeunes femmes ont su porter une voix combative et de rassemblement – reprenant le mot d'ordre national « Vote en confiance, vote communiste ! » - devançant dans leurs circonscriptions les candidats de droite mais aussi leurs partenaires de la coalition de centre-gauche.

 

Karol Cariola est arrivée en tête dans le district d'Independencia (banlieue de Santiago) avec 38,4 % des voix tandis qu'à La Florida, toujours dans la banlieue de Santiago, Camila Vallejo est arrivée également première avec 43,8 % des voix.

 

Ce succès doit être salué, il suscite un grand espoir de changement, celui porté par le mouvement de 2011 qui a fait descendre des centaines de milliers d'étudiants, lycéens, travailleurs dans la rue : celui d'une véritable réforme de l'éducation qui conduise à l'affirmation d'une éducation 100 % publique, gratuite et la fin du système privatisé chilien, sur le modèle américain.

 

Il ne nous exonère pas d'un regard critique, celui que portent nombre d'étudiants, de jeunes travailleurs qui ont participé aux manifestations depuis 2011, mais aussi de la part des militants chevronnés qui étaient là en 2006 contre la politique libérale de … Bachelet, déjà.

 

On se souvient de la « révolution pingouine » de 2006, du nom de l'uniforme des lycéens chiliens. A l'époque, les lycéens et étudiants luttaient contre le statu quo dans la privatisation de l'éducation et la hausse des frais de scolarité cautionnée par le gouvernement de centre-gauche de Bachelet.

 

Bachelet n'avait lâché que des miettes, les frais de scolarité ont continué à augmenter, les taux d'intérêts à grimper, l'éducation privée à se développer. En 2008, son ministre est même tombé sur la question des subventions aux établissements privés.

 

En trois ans de présidence Bachelet, vingt ans de gouvernement de la « Concertacion » (démocrate-chrétien et socialiste), l'éducation de Pinochet continue d'être en vigueur au Chili : municipalisation des écoles, autonomie des universités, éducation de classe et privatisation omniprésente.

 

camila-vallejo.pngCamila Vallejo ne s'est pas privée de critiquer Michelle Bachelet, son passé et son programme actuel, qui repose sur un flou artistique. Une « réforme de l'éducation » qui reviendrait sur certains aspects de l'éducation privatisée … sans opter pour une éducation 100 % publique.

 

Vallejo avait affirmé en 2012 qu'elle « ne ferait pas campagne pour Bachelet, ni n'appelerait les jeunes à voter pour elle », s'affrontant y compris avec la vieille garde du Parti communiste.

 

Depuis, face à l'escalade des promesses de la candidate et la dynamique des alliances à gauche, elle a dû changer de discours. Seul le temps nous dira si les espoirs de changement placés en Michelle Bachelet seront porteurs d'un réelle transformation sociale.

 

Entre-temps, comme toujours, c'est avant tout dans la rue plus que dans les palais ministériels que l'avenir du Chili se décidera.

 

Pour les étudiants, lycéens, jeunes travailleurs, c'est ici que se jouera l'alternative : avec un appui institutionnel des députés communistes dont Camilla et Karol, mais surtout fort de la majorité de 80 % de la population favorable à une éducation 100 % publique !

 

 

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