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Initiative de la JC 15 sur les luttes étudiantes en Amérique latine et au Québec : des leçons enrichissantes, entre avertissements et espoirs

21 Janvier 2013 , Rédigé par JC Paris XV Publié dans #Solidarité internationale

1852.jpgInitiative de la JC 15 sur les luttes étudiantes en Amérique latine et au Québec

 

Des leçons enrichissantes, entre avertissements et espoirs

 

Compte-rendu pour http://jeunescommunistes-paris15.over-blog.com/

 

Une vingtaine de jeunes camarades et sympathisants ont répondu ce vendredi 11 janvier à l'initiative de la JC Paris 15 sur les « Luttes étudiantes en Amérique latine et au Québec : quelles leçons pour les étudiants français ».

 

L'introduction du secrétaire de la JC du 15ème a insisté d'une part sur les espoirs suscités par les processus révolutionnaires latino-américains, avec toutes leurs limites, qui ont introduit une rupture avec les politiques de privatisation et de libéralisation en Amérique latine.

 

Suivant l'exemple cubain, les processus menés par Chavez au Vénézuela ou Morales en Bolivie ont remis les mots de socialisme ou de nationalisation au goût du jour et permis un recul remarquable des inégalités et de la pauvreté sur le continent.

 

Le contre-exemple de pays comme le Chili ou la Colombie, où l'éducation a été privatisée, par une politique de municipalisation de l'éducation et d'autonomisation des universités, de mise en concurrence des établissements privés et publics, permettent de saisir l'ampleur de la rupture.

 

C'est contre l'approfondissement de ce modèle, pourtant en échec, que des luttes se sont développées en 2011 et 2012 sur le continent américain.

 

Au Chili et en Colombie contre l'achèvement de la privatisation du système, au Brésil contre une politique de financement par un gouvernement dit « de gauche » de l'université privée, enfin au Québec contre la hausse des frais de scolarité.

 

Au Québec, un mouvement de « CLASSE » qui fait plier le gouvernement sur la hausse des frais

 

Adrien, jeune étudiant québécois et militant communiste, acteur du mouvement étudiant de 2012, a pu nous apporter son éclairage sur ce qu'on a appelé le « Printemps érable ».

 

Du jamais vu en Amérique du nord. 300 000 étudiants en grève au plus fort du mouvement, et entre 200 et 300 000 manifestants, étudiants ou salariés, dans les rues de Montréal au mois de février et mars.

 

Une mobilisation contre un plan visant à briser l' « exception » québécoise : celle de la seule province d'Amérique du nord où l'université était encore accessible aux étudiants d'origine modeste : des frais de scolarité de 1 600 € par an contre... 6 500 € en Ontario !

 

Le plan du gouvernement libéral du Québec ne se limitait pas à une hausse des frais de scolarité de 75%. Il s'inscrivait dans une politique plus largement de classe du gouvernement provincial mené par le Parti libéral du Québec

 

Une politique de baisse des impôts pour les entreprises, de bradage des richesses du sous-sol aux multi-nationales, de sous-financement l'éducation publique pour favoriser les établissements privés ou les fameux PPP (partenariats public-privés ou... Profits pour les patrons comme les renomment nos camarades canadiens-québecois!)

 

C'est contre cette politique que l'ASSE, syndicat étudiant québécois sur des positions de lutte, est parvenu à élargir sa base militante avec la constitution du mouvement « CLASSE ».

 

Autrefois marginalisée par rapport aux syndicats institutionnels, comme la FEUQ proche du PQ (Parti québecois/nationaliste), « CLASSE » a su s'imposer comme la force motrice du mouvement, représentant plus de 80% des étudiants en grève.

 

Face à la force du mouvement étudiant, le pouvoir a alors répondu par une loi liberticide et fascisane : la « loi spéciale » interdisant toute manifestation de plus de 50, forçant étudiants et professeurs à retourner en cours.

 

Une loi contournée par l'inventivité des étudiants et manifestants. Une loi défiée par le leader du mouvement, Gabriel Nadeau-Dubois, poursuivi par la justice pour avoir lancé un appel à poursuivre la grève.

 

Si tous les syndicats ont participé au mouvement, les tensions entre la FEUQ et la CLASSE au moment de la campagne électorale des législatives provinciales de septembre 2012 ont révélé deux conceptions du syndicalisme étudiant : tandis que le premier a appelé à une « trêve électorale », le second a lancé un appel à continuer la lutte jusqu'à la victoire.

 

La victoire des nationalistes du PQ aux législatives de septembre a conduit au retrait du projet de loi porté par les « libéraux ». Non pas de la bonne volonté des nationalistes mais par la pression populaire qui a permis cette victoire historique: le gel des frais de scolarité pour cinq ans.

 

Notre camarade a toutefois rappelé les limites du mouvement : incapacité à créer une convergence avec le mouvement ouvrier, à susciter un large mouvement fédéral de riposte générale aux politiques libérales et créer les conditions d'une véritable alternative à partir des luttes.

 

En Colombie, la lutte contre la privatisation des universités continue avec des premières victoires

 

C'est dans un tout autre contexte mais avec des objectifs communs que les étudiants colombiens luttent depuis deux ans contre la réforme de l'enseignement supérieur, ce que nous a conté avec émotion Ana, jeune étudiante colombienne et adhérente de la JC du 15ème.

 

Une longue histoire de luttes, longtemps minée par les difficultés à fédérer les luttes dans un pays miné par le localisme et le corporatisme, où tout mouvement social est stigmatisé comme lié à la guérilla et réprimé par les forces para-militaires.

 

Le mouvement actuel initié en avril 2011 reste inédit dans l'histoire de la Colombie. Une lutte dans le cadre d'un système, copié sur le Chili et les États-Unis, largement ouvert au privé, creusant des inégalités qui rendent l'accès à l'université impossible aux enfants de milieux modestes.

 

La réforme de 2011 de la « Loi 30 », engagée par le gouvernement de droite de José Manuel Santos, sur l'enseignement supérieur prévoit de parachever la privatisation avec la création notamment de nouvelles universités à but lucratif.

 

Les manifestations d'avril 2011, avec plus d'un million d'étudiants, professeurs, salariés dans les rues des grandes villes colombiennes ont constitué une première riposte forte. Les occupations des grandes universités, y compris privés, en furent le prolongement.

 

Il faut rappeler toutefois qu'avant la Réforme, 80% des universités étaient déjà privées. Seuls 32 établissements restaient publics, parmi eux, le financement étant par ailleurs lié à des partenariats publics-privés comme c'est le cas à l'Université nationale de Bogota.

 

Les mobilisations étudiantes ont remporté une victoire temporaire, avec le retrait en novembre dernier du projet de loi du gouvernement Santos. Toutefois, les étudiants rassemblés dans le syndicat de la FEU tout comme les jeunes communistes colombiens ne peuvent se satisfaire de ce statu quo : ils réclament désormais une université 100% publique et gratuite.

 

Défiant la censure médiatique, les brutalités policières pouvant aller jusqu'aux disparitions, la lutte continue en Colombie sous les formes les plus originales.

 

Après un débat enrichissant, la conclusion en est venue à la nécessité d'amplifier la solidarité internationale avec nos camarades en lutte sur le continent américain mais aussi d'apprendre des leçons de ces luttes :

 

Entre avertissements sur les menaces portant sur notre éducation (autonomie, régionalisation, hausse des frais) et espoirs de luttes qui ont payé et ont réussi à faire reculer des gouvernements libéraux.

 

Plus que jamais : la lutte continue !

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