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La lutte des étudiants hongrois contraint le gouvernement à reculer sur la hausse des frais de scolarité

27 Décembre 2012 , Rédigé par JC Paris XV Publié dans #Solidarité internationale

La-Hongrie-restreint-l-acces-aux-etudes-superieures_article.jpgLa lutte des étudiants hongrois contraint le gouvernement à reculer sur la hausse des frais de scolarité



Article AC pour http://jeunescommunistes-paris15.over-blog.com/ et http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net



Après la victoire remportée par les étudiants québécois contre la hausse des frais de scolarité, au tour du mouvement étudiant hongrois de faire reculer son gouvernement de droite sur sa contre-réforme de l'université, même si la prudence reste de mise.



Depuis près de trois semaines, malgré un thermomètre descendant régulièrement en-dessous de 0°, les manifestations étudiantes et lycéennes ont réchauffé les rives du Danube.

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La « révolution de la rose d'hiver », du nom de la ministre de l'Education Rosa Hoffmann dont la réforme de l'éducation supérieure est décriée par les étudiants, a ébranlé le gouvernement de droite extrême de Vikor Orban.



Une université de classe sous la dictature du marché et du pouvoir politique



Dans la contre-réforme de l'université annoncée par le gouvernement en début d'année, et formalisée le 5 décembre, on trouve :



  • le renforcement d'une université de classe, avec la suppression de 45 000 des 55 000 bourses actuellement versées par l’État, avec la consolidation des critères au mérite et l'introduction de frais de scolarité annuels compris dans une fourchette de 1 000 à 2 800 €. Le salaire moyen en Hongrie est de 500 € par mois, un Hongrois sur deux vit avec moins de 250 € ;

 

  • le passage de l'université sous la coupe du marché, avec la suppression prioritaire des bourses dans les sciences humaines et les lettres et la fermeture programmée de certaines de ces filières au profit des filières perçues comme directement rentables. Selon les mots de la ministre de l’Éducation, il s'agit : « d'adapter l'enseignement supérieur aux besoins du marché » ;

 

  • enfin, un contrôle politique sur le cursus des étudiants, avec l'instauration d'un « contrat étudiant » contraignant l'étudiant à travailler le double de son temps d'étude sur territoire hongrois ;



Depuis le retour des conservateurs au pouvoir en 2010, le gouvernement est non seulement revenu sur les fondamentaux de la démocratie libérale, en promulguant une Constitution liberticide, inspirée par un idéal nationaliste et chrétien, renforcé son contrôle sur les médias et la justice.



Mais il a également renforcé son offensive anti-sociale, avec une réforme du Code du Travail donnant tous les droits au patron sur le lieu de travail, et anti-communiste, avec une réforme du Code Pénal criminalisant la défense du communisme ainsi que tous ceux qui ont servi le régime anti-communisme.



Le gouvernement recule devant la résistance étudiante



Le mouvement étudiant représente une résistance autant à la contre-réforme de l'université qu'à cette mise sous coupe réglée de la société.



Ce mercredi 19 décembre, face à une troisième manifestation mobilisant une dizaine de milliers d'étudiants dans les rues de Budapest, le gouvernement a dû reculer, craignant la contagion à d'autres couches de la société.



Le porte-parole du gouvernement a dû annoncé qu'il maintiendrait les 55 000 bourses publiques pour l'année 2013, tout en conservant le flou sur le financement de la mesure comme sur le maintien des autres dispositions de la réforme.



En 2008, l'opposition étudiante de masse à une contre-réforme similaire portée par le gouvernement socialiste précédent avait mis en échec le projet. Elle avait conduit, après instrumentalisation du mouvement par la droite conservatrice, à la démission du gouvernement.



Craignant de subir le même sort, le gouvernement ultra-conservateur tente de désamorcer la bombe sociale, en lançant des promesses aussi vagues que partielles. Les leaders du mouvement étudiant et lycéen ne se sont pour l'instant pas prononcé sur ses mesures comme sur la poursuite du mouvement.



Des jeunes réduits au désespoir et à l'exil : la restauration du capitalisme en échec



Au-delà de la contre-réforme actuelle, c'est l'ensemble du modèle capitaliste restauré en Hongrie après 1989 qui est en cause.



Un système qui alimente le désespoir des jeunes. Un jeune de moins de 25 ans sur trois (31%) est privé d'emploi. Parmi ceux qui ont la « chance » d'avoir un emploi, un jeune sur quatre (25%) se voit imposer un contrat précaire.



Pour un nombre croissant de jeunes, la seule perspective reste l'exil. Aujourd'hui, un jeune sur deux envisage sérieusement de quitter la Hongrie. Chaque mois, ce sont des milliers de jeunes, en particulier les plus diplômés, qui quittent la Hongrie pour l'Allemagne ou le Royaume-Uni.



Si deux Hongrois sur trois estimaient en 2009 que la période communiste, sous le règne de Janos Kadar entre 1957 et 1989, constitue la période la plus heureuse du pays, les jeunes restaient plus perméables à l'idéologie dominante, moins enclins à valoriser une époque qu'ils n'ont guère connu.



La crise et la dégradation dramatique de leurs conditions de vie et de leurs perspectives d'avenir pourraient les conduire à reconsidérer cette position. Il est de bonne guerre pour la classe dominante hongroise de discréditer la seule véritable alternative à ce système prédateur : le socialisme.

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