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« Organiser la résistance aux politiques d'austérité de l'UE » : échange fructueux avec de jeunes militants grecs, portugais et espagnols

18 Mars 2013 , Rédigé par JC Paris XV Publié dans #Solidarité internationale

 

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« Organiser la résistance aux politiques d'austérité de l'UE »

 

échange fructueux avec de jeunes militants grecs, portugais et espagnols

 

Compte-rendu pour http://jeunescommunistes-paris15.over-blog.com/

 

Une trentaine de jeunes communistes, français et d'Europe du sud, ont profité de l'initiative de la Jeunesse communiste du 15ème, ce mercredi 13 mars, pour avoir un riche échange sur l'« Organisation de la résistance aux politiques d'austérité de l'Union européenne ».

 

L'introduction du secrétaire de la JC 15 fut l'occasion de rappeler la nécessité de dénoncer la campagne idéologique dominante.

 

D'abord sur l'austérité et le faux prétexte d'une dette artificiellement gonflée par les cadeaux au patronat (exonérations fiscales), la hausse des budgets militaires, les privatisations ou encore le déficit commercial alimenté par les délocalisations.

 

Il s'agit de mener la lutte contre le capitalisme et l'UE, et non à la simple austérité. Il convient de rappeler que l'intégration européenne, en particulier l'entrée dans l'euro, fut l'instrument de la casse des économies productives des pays du sud.

 

Face au constat de l'existence d'un puissant mouvement populaire dans toute l'Europe, animé par les travailleurs et en particulier pour les plus jeunes, au-delà des mouvements de type « Indignés » avec leurs contradiction, la question de l'initiative tourne en fait autour de celle-ci :

 

Quelle organisation (politique) des luttes de résistance pour quelle perspective de rupture ?

 

La réponse des intervenants a mis en avant la différence nette entre d'une part la Grèce et le Portugal, d'autre part l'Espagne, une différence liée notamment à l'existence d'un mouvement communiste sur des positions de classe, donnant une impulsion et une orientation aux luttes.

 

Grèce : mener la lutte contre la politique du capital, avec l'organisation communiste

 

L'intervention du responsable de la Jeunesse communiste grecque (KNE) en France, Anthikos, fut l'occasion d'une mise au point salutaire d'une part pour combattre les pièges de l'idéologie dominante, d'autre part pour rappeler l'importance d'un Parti communiste fort et rassembleur.

 

L'ampleur du carnage social, touchant particulièrement la jeunesse, se passe de commentaires : coupes drastiques dans les salaires, droits sociaux supprimés d'un trait, taxes iniques sur l'électricité ou le chauffage, licenciements dans la fonction publique, privatisation de tout, même des plages !

 

Le résultat, pour les jeunes, c'est un taux de chômage à 60% chez les jeunes de moins de 25 ans, et un salaire minimum « jeune » fixé désormais à 400 €.

 

L'objectif de ces mesures est clair : faire baisser le coût de la force de travail, pour augmenter les profits capitalistes et relancer la croissance capitaliste sur le dos des travailleurs.

 

Il ne s'agit pas de choisir entre « Austérité ou croissance », l'austérité est la condition d'une croissance capitaliste future reposant sur une exploitation maximale et des droits sociaux et des salaires minimum.

 

La dénonciation de la politique de l'Union européenne est une nécessité pour les communistes, car elle est une union du capital européen conçue pour faciliter l'adoption de politiques d'exploitation maximale.

 

Toutefois, elle ne doit pas exonérer la responsabilité des gouvernements et des patronats nationaux qui ont fait le choix de l'intégration européenne et de la « Troika » pour gagner des avantages pour la classe bourgeoise grecque.

 

Le Parti communiste (KKE) est une organisation puissante en Grèce. Avec la JC (KNE) chez les jeunes, les communistes participent à animer les nombreuses luttes, de la classe ouvrière sur leur lieu de travail et des couches populaires dans les quartiers, qu'a connu le pays depuis 2008.

 

Plutôt que de faire le choix étriqué des « coalitions politiques », le KKE fait le pari de l' « alliance populaire » : une politique visant les monopoles grecs et internationaux, rassemblant autour de la classe ouvrière, couches populaires, jeunes, classes moyennes, paysans.

 

Un « rassemblement populaire » proposant que la résistance aux mesures actuelles, la lutte pour la survie s'inscrive dans la perspective de la conquête d'un pouvoir populaire, de la rupture avec ce système capitaliste, cause des problèmes que rencontre la jeunesse grecque.

 

D'Espagne : un regard critique sur le mouvement des Indignés

 

Fidel, militant et cadre de la Jeunesse communiste d'Aragon, a proposé un regard critique sur une autre situation : un pays où 60% des jeunes de moins de 25 ans sont au chômage mais où le mouvement populaire souffre de l'absence d'organisations de classe et révolutionnaires.

 

Fidel a offert une chronologie serrée des événements auxquels il a participé à Saragosse et à Madrid, en particulier sur le mouvement des « Indignés ».

 

Le mouvement dit du « 15-mai » naît en fait le 29 septembre 2010, dans les manifestations convoqués lors de la grève générale contre la réforme du travail de Zapatero, articulées aux manifestations étudiantes contre le plan de Bologne de privatisation des universités.

 

Le mouvement « Indigné » naît du rejet des partis et syndicats traditionnels, donc d'une faillite du mouvement de classe en Espagne, du syndicat Commissions ouvrières (CC.OO) glissant vers des positions de compromis, du Parti communiste d'Espagne (PCE) effacé derrière Izquierda Unida.

 

A partir du 15 mai 2011, le mouvement éclate à Madrid, sous la forme d'  « acampadas » (sit-in) sur la puerta del Sol, réunissant un public restreint issu des milieux alternatifs, avant de prendre de l'ampleur à la suite de la répression policière.

 

Ce mouvement spontané se caractérise par sa composition sociale : une jeunesse étudiante issue de la classe moyenne déclassée ; et par une culture politique assez faible, marquée par son rejet des partis, des symboles, des idéologies : le reflet en somme d'une jeunesse espagnole désorientée.

 

L'organisation « assembléiste » et « horizontale » du mouvement conduit à l'inaction. Le programme minimal (punots minimos) du mouvement flou est vaguement humaniste : fin des privilèges des politiques, baisse du chômage, contrôle des banques, fiscalité juste ou encore démocratie participative.

 

Après l'expulsion des manifestants de la Puerta del Sol, le mouvement prend une autre forme. La Jeunessse communiste (UJCE), qui avait participé aux assemblées, exerce un retour critique, insiste sur la nécessité de retourner dans les luttes des étudiants, des salariés, dans les quartiers populaires.

 

La Réforme de l'Education du gouvernement Rajoy, visant à construire une « éducation à deux vitesses », soulève les lycéens de Valence puis de toute l'Espagne en février 2012. La deuxième grève générale du 29 mars 2012 jette des millions de manifestants dans les rues.

 

Dans le même temps, la lutte des mineurs Asturiens, durant l'été 2012, pour sauver les mines et leurs emplois donne une autre orientation, de classe, au mouvement mais le défaut reste l'absence de convergence des luttes.

 

Depuis, la Jeunesse communiste insiste sur la convergence des luttes, des « marées » (mareas), ces mouvements pour la défense d'un secteur d'activité : pour la santé (blanche), pour l'éducation (verte), pour l'eau (bleu), pour les mines (noir).

 

Sont valorisées des initiatives concrètes d'action à haute teneur idéologique :

 

la lutte contre les expulsions de familles endettées (517 par jour en Espagne), articulée au droit au logement opposé à la propriété privée, ou les distributions de vivres aux plus démunis, des biens puisés en Andalousie dans les étals pleines des super-marchés capitalistes de la région.

 

Les jeunes communistes aragonais et espagnols sortent de ce processus confiant, avec une politisation accrue de la jeunesse indiquant désormais l'ennemi – les banquiers, le capital privé – osant désormais utiliser le mot de « révolution », ouvert de plus en plus au mouvement de classe.

 

Cela n'exonère pas les communistes espagnols de leur propre auto-critique. Au sein de la JC espagnole, les positions de rupture avec l'Union européenne, mais aussi avec la transformation des partis communistes en partis de gauche réformistes avancent et conquièrent une position hégémonique.

 

Au Portugal, convergence entre mouvement spontané et lutte organisée des travailleurs, sous impulsion communiste

 

Inés a finalement apporté, en tant qu'étudiante-salariée et militante communiste portugaise, un éclairage sur les mouvements de résistance que connaît le pays, et sur le rôle des jeunes communistes dans le mouvement.

 

Un rappel historique est nécessaire dans un pays qui a vécu jusqu'en 1974 sous une dictature fasciste et qui a connu le 25 avril 1974 une révolution (dite « des oeillets ») qui fut un coup militaire appuyé par une contestation populaire massive.

 

Cette « révolution » conduit à des avancées inédites (réforme agraire, nationalisations, droits pour les travailleurs), à une constitution progressiste prévoyant la « transition vers le socialisme »

 

Mais, après 1975, c'est le début d'un processus contre-révolutionnaire visant à regagner un à un ces conquêtes révolutionnaires.

 

C'est dans ce contexte que s'insère l'alliance entre la classe dominante monopoliste portugaise avec le capital européen : l'intégration européenne en 1986, les interventions du FMI dès les années 1980.

 

L'intégration européenne a achevé de détruire l'économie portugaise, tout en revenant méthodiquement sur les nationalisations, les droits conquis par les travailleurs.

 

L'intervention de la Troïka depuis 2009 n'est que la « cerise sur le gâteau ». Une cerise au goût amer : privatisations, casse du code du travail, licenciements, hausse des impôts les plus injustes.

 

En quatre ans, la valeur du travail a baissé de 20% au Portugal.

 

La colère populaire est énorme depuis 2010 avec quatre mouvements de grève générale et 512 manifestations en 2012, du jamais vu depuis 1974. Les grèves sont quotidiennes, notamment dans les transports.

 

Le syndicat majoritaire, unitaire, la CGTP, refuse toute perspective réformiste, de dialogue social. L'importance du Parti communiste est à souligner, contribuant, par son influence dans le syndicat, à le maintenir sur ses positons de lutte et de classe.

 

Les « mouvements spontanés » au Portugal, dans ce contexte, ont longtemps été réduits à l'impuissance. Des mouvements anti-partis hétérogènes, d'abord groupusculaires puis gonflés à coup de médiatisation.

 

Les jeunes issus des couches moyennes déclassées, précarisés, ont toutefois eu ainsi leur première expérience politique. Réticents dans un premier temps, les communistes agissent aujourd'hui dans le mouvement pour lui donner un contenu politique de rupture.

 

La manifestation du 2 mars dernier, qui a réuni près de 2 millions de personnes dans les rues du pays a ainsi indiqué comme ennemi la « Troika » (UE, BCE, FMI) tout en fredonnant l'hymne révolutionnaire « Grandola, vila morena », symbole du 25 avril 1974.

 

D'un mouvement désorganisé, hétérogène, sans alternative naît progressivement une conscience politique : celle de l'opposition nécessaire à l'UE, de la nécessité de refaire la « révolution » de 1974, d'une rupture avec ces politiques.

 

Les communistes au Portugal insistent sur la rupture avec le capitalisme, l'UE sur la base de l'unité populaire la plus large.

 

Une rupture immédiate avec la politique du capital sur la base de mesures progressistes – défense des services publics, des acquis sociaux – dans une perspective plus lointaine, celle de la rupture avec le capitalisme même : le socialisme.

 

Pour les jeunes communistes du 15ème, les leçons des luttes que nos camarades espagnols, portugais et grecs ont animé sont éclairantes : une organisation communiste forte et rassembleuse est la condition du succès des luttes, vers une autre société que cette société capitaliste !

 

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